Si je vous demande quel est le point commun entre les Boïens massacreurs de Postumius en 216 av JC, le roi arverne Lovernios, les « hommes du nord » fustigés par le barde Aneirin, Waroc’h où les actuels habitants de Pleyber Christ, vous serez peut être tentés d’évoquer l’appartenance au monde celte. Il est cependant un autre trait commun à tous ces personnages, qu’ils aient vécu dans l’antique cité arverne ou à deux pas des établissements Guevel : le vin.
Apparu il y a huit mille ans dans le croissant fertile du Proche-Orient, le vin a marqué les plus grandes civilisations de l'Antiquité. C’est au Néolithique que la vigne sauvage est domestiquée afin de produire des fruits consommables, mais ce sont surtout les égyptiens, puis les grecs suivis des étrusques et des romains qui vont populariser sa consommation.
En Gaule, le vin n'apparaît que vers 600 avant J.-C., date à laquelle les Grecs fondent la colonie de Massalia : ils importent tout d’abord des vins grecs avant de planter rapidement un vignoble dans l'arrière pays, d’abord pour leur propre consommation, puis pour le commerce avec les peuples voisins. Ce vin pénètre rapidement la classe celtique aristocratique.
Les Celtes buvaient jusque là différentes boissons comme le rapportent les auteurs antiques tels Diodore de Sicile, Histoire Universelle, V, 26 : "L'excès de froid altère tellement le climat, que la vigne et l'olivier n'y croissent pas. C'est pourquoi les Gaulois, privés de ces fruits, font avec de l'orge une boisson appelée zythos. Ils font aussi tremper du miel dans de l'eau, et s'en servent en guise de boisson.", ou Posidonios d'Apamée, Histoires, XXIII : « Ceux qui servent font circuler la boisson dans des vases qui ressemblent à nos ambiques (sorte d’amphore d’une contenance de 40 litres) et sont de terre ou d'argent : les plats sur lesquels se placent les mets sont du même genre ; quelques-uns en ont en cuivre ; chez d'autres, ce sont des corbeilles en bois ou en osier tressé. Ce qu'on boit chez les riches, c'est du vin apporté d'Italie ou du pays des Massaliètes, et on le boit pur ; quelquefois pourtant on y mêle un peu d'eau ; chez ceux qui sont un peu moins à l'aise, c'est de la bière de froment préparée avec du miel ; chez le peuple, c'est de la bière toute simple ; on l'appelle corma (cf. cwrw en gallois). Ils avalent petit à petit, à la même coupe, et pas plus d'un cyathe (presqu’une pinte) ; mais ils y reviennent souvent. L'esclave fait circuler de droite à gauche : c'est ainsi que se fait le service, et pour adorer les dieux on se tourne aussi à droite." Posidonios rapporte aussi que le prince Louernios, « pour gagner la faveur de la multitude, passant en char à travers les campagnes, jetait de l'or et de l'argent aux myriades de Celtes qui le suivaient. Il faisait parfois enclore un espace de douze stades carrés, avec des cuves remplies de boissons d’un grand prix, et une telle quantité de victuailles que, plusieurs jours durant, chacun pouvait librement entrer dans l'enceinte et user des mets qui y étaient préparés et qu'on servait à tout venant sans interruption ». On le remarquera, ces autres boissons « indigènes » sont les mêmes que celles que l’on retrouve dans le chant Gwin ar C’hallaoued (le vin des gaulois), chant supposé avoir été composé au VI ème siècle pour relater les exploits de Waroc’h le long de la Loire (on ne sait d’ailleurs trop si c’est chez les Namnètes ou bien les Andecaves), et qui établit la supériorité du vin de treille (gwin barr) par rapport à celui de pommes (aval), de mûres (mouar), à l’hydromel (mez) ou à la cervoise miellée (kufr, cf. corma et chufere). Si l’on constate donc que pendant 1000 ans les boissons « locales » ont persistées, l’engouement pour le vin est lui aussi pérenne, même si l’on peut s’étonner que Waroc’h, qui avait fondé Piriac (Aula Quiriaca) en 570 sur les lieux mêmes où les archéologues ont découvert récemment les fondations de deux pressoirs à vin de taille exceptionnelle ayant été encore en activité au IVème siècle alors que la presqu’île guérandaise était couverte de vignes, ait eu besoin d’aller faire des vendanges guerrières chez ses voisins.
Les navires faisant commerce de vin croisaient d’ailleurs depuis belle lurette au large des côtes bretonnes comme l’indique une des versions (Quellien) de Ar rannoù (les Séries) : "dek lestr war al liger karget a win" (10 vaisseaux sur la Loire chargés de vin)
Entre le VIème et le IIIème siècle avent JC, rare et exotique, le vin est un breuvage que l’on consomme collectivement dans une luxueuse vaisselle importée, il accompagne parfois le défunt dans sa tombe, à l'instar de la princesse de Vix qui fut enterrée, non seulement avec un char et de nombreux bijoux, mais aussi un extraordinaire cratère en bronze d’une contenance de 1 100 litres fabriqué par des artisans grecs.
Gagnant toute la future narbonnaise après la Gaule cisalpine, la consommation de vin s’étend dans le monde gaulois dans son ensemble, sa production devient alors locale. Ainsi, les vestiges d'une ferme fortifiée du Vème siècle avant JC appartenant peut-être à un aristocrate celte mis au jour dans les Bouches-du-Rhône, a livré des jarres contenant des pépins de raisin cultivés, des restes de raisins secs ou, plus probablement, de lie de vin. Après avoir fait l'objet d'un commerce florissant pendant plusieurs siècles, ce vin autochtone subit la concurrence du vin romain à partir du IIIème siècle av. J.-C. Aux IIème et Ier siècles avant JC., la Gaule est le principal débouché du vin romain, notamment le Falerne et la consommation gauloise explose. La Gaule cède alors à Rome de l'or et de l'argent en grande quantité pour satisfaire sa soif irrépressible.
L'Empire en contact étroit avec les grands peuples gaulois (Éduens, les Séquanes, Arverne et Allobroges), déverse des millions d'hectolitres de vin romain dans le monde gaulois. C’est ainsi qu’au cours de deux derniers siècles avant l’ère vulgaire, des dizaines de millions d’amphores on fait l’objet d’un immense trafic à destination, non seulement de la Gaule, mais aussi des îles Britanniques où le vin était échangé depuis longtemps contre l’étain. Dans la seconde moitié du ier siècle, plus d'une cinquantaine d'ateliers usinent des amphores en Narbonnaise. Dès le règne d'Auguste, elles cèdent la place aux tonneaux en bois d’invention gauloise, plus pratiques à manœuvrer. Au iie siècle après JC, la vigne en Gaule conquise est omniprésente et le vin produit s'exporte jusqu'en… Inde !
Cet engouement pour le vin ne semble pas pouvoir s’expliquer par un changement de culture alimentaire, synonyme d’acculturation au même titre que la mode Mac do de la fin du XXème, puisque les premières traces d’aliments « latins » en gaule chevelue ne remontent guère qu’à la période césarienne. Dans le nord des Gaules, on note d’ailleurs une absence de présence d’amphore entre la raréfaction du vin massaliote à la fin du Vème siècle avant JC et l’arrivée du vin romain au IIème, période pendant laquelle les boissons traditionnelles semblent avoir repris leur place. Le raisin et l’amphore apparaissent sur certaines monnaies gauloises.
Cette « soif celtique », de nombreux auteurs antiques en ont fait part, la décrivant d’ailleurs plus comme une preuve de barbarie que comme un trait de civilisation. C’est que les celtes, contrairement aux grecs et aux romains, boivent le vin rouge et pur, ce qui normalement était réservé aux seuls dieux. On le boit en respectant les rites indigènes, à la manière de la bière en utilisant parfois des récipients particuliers pour sa préparation, comme les seaux en bois d'if.
Le Celte, fut-il aristocrate et pro romain, ne se plie pas aux rites du Symposion grec où l’on boit un vin oxydé, coupé et épicé, allongés entre amis, dans une ambiance musicale et artistique apaisée, entre discours philosophiques et faveurs des prostituées. Chez les Grecs, qui le placent à l'origine de leur civilisation, le vin est aussi perçu comme un danger. L'ivresse s'attaque aux principes fondateurs de la cité : la loi, l'ordre et la modération qui permettent aux citoyens de vivre en démocratie. Sa consommation est réglementée. Sur la voie publique, elle n'est tolérée que dans des occasions particulières, comme dans les Dionysies, processions annuelles dédiées au Dieu du vin Dyonisos. En privé, le vin est bu au symposion, la " fête du boire ensemble " qui réunit les buveurs après les repas. Il se déroule selon des règles précises, destinées à contrôler les effets de l'ivresse. D'abord réservé à l'aristocratie, ce passe-temps résolument bourgeois et masculin se pratique couché sur des litières. L'égalité entre les convives est symbolisée par un grand vase qui trône au centre de la fête. On y mélange le vin et l'eau dans des proportions fixées d'un commun accord entre les convives. Puisé à l'aide de louches, le breuvage est servi à parts égales dans des vases à boire de différentes formes.
A l’opposé, les celtes boivent le vin avec force bruit et défis, dans la même coupe, voire dans le même crâne !
« Ce fut là que périt Postumius, en faisant les plus héroïques efforts pour ne pas être pris. Ses dépouilles et sa tête, séparée de son corps, furent portées en triomphe par les Boïens dans le temple le plus respecté chez cette nation ; puis la tête fut vidée, et le crâne, selon l'usage de ces peuples, orné d'un cercle d'or ciselé, leur servit de vase sacré pour offrir des libations dans les fêtes solennelles. Ce fut aussi la coupe du grand pontife et des prêtres du temple." Tite live
Au cours des deux derniers siècles d’indépendance gauloise, quant il n’est pas bu de manière domestique, le vin est en effet consommé au cours d’immenses festins ou banquets rituels, nos ulidai (gallois gwledd, irlandais fled), où semble s’exercer ce qui apparait pour les auteurs grecs et latins comme étant d’une rare violence, défis, combats singuliers pouvant aller jusqu’à la mort pour le meilleur morceau de viande, à tel point qu’on les dit « possédés d’Ares », violence et ivresse qui pourtant sont considérées par les celtes comme une véritable coutume guerrière « noble et agréable » (Diodore, Clément d’Alexandrie, Aristide Quintilien). Cet aspect guerrier du festin de la fin de l’indépendance gauloise est confirmé la description que nous en fait Posidonios qui évoque des cérémonies rirualisées obéissant à une discipline guerrière pré-établie : « Quand les convives sont nombreux, ils s'asseyent en cercle, et la place du milieu est du plus grand personnage, … : c'est celui qui se distingue entre tous par son habileté à la guerre, par sa naissance ou par ses richesses. Près de lui s'assied celui qui reçoit, et, successivement de chaque côté, tous les autres, selon leur rang plus ou moins élevé. Les servants d'armes, - ceux qui portent les boucliers, - se tiennent derrière, et en face les doryphores ou porte-lance, assis en cercle comme les maîtres, mangent en même temps ». On le voit, selon Posidonios le festin est une réunion d’hommes en armes, respectant une hiérarchie des rangs et des mets en fonction de la valeur guerrière. On retrouve là le concept du « morceau du héros » de la littérature insulaire, notamment irlandaise et les grands festins comme ceux de Samonios ou d’après les razzia.
Non seulement ces banquets ont une valeur saisonnière ou post-combat, mais il semble bien qu’ils précèdent aussi systématiquement les batailles, du moins celles d’envergure. C’est ce que César nomme le Concilium armatum, où les hommes en armes partage le vin en signe d’alliance et d’allégeance. On pourra y voir, bien sûr, une façon de s’attirer la bienveillance des dieux, mais aussi l’application d’un rituel propre aux serments ou le vin et le sang auquel il est associé sont mêlés. Le vin permettrait donc d’amplifier les rites du sang. Ce mélange de vin et de sang et d’ailleurs plus que symbolique comme le montrent les textes de Diodore ou Gwin ar c’hallaoued : en 279 avant JC le Tyran Apollodore, pour s’assurer la fidélité de sa garde composée de lanciers celtes, fait sacrifier un garçon dont le sang est mêlé à du vin et offert aux convives, de même ses vers du Barzaz Breizh ne laissent aucun doute sur les pratiques guerrières des bretons du VIème siècle « Gwin ha gwad a red en gevred… Gwad ha gwin eviz er gwall vriz…Gwin ha gwad a vev neb a ev … Gwad gwin ha korolD'id, Heol » (Vin et sang coulent, mêlés… Sang et vin j’ai bu dans la rude mêlée… Vin et sang nourrissent qui en boit… Sang, vin et danse à toi soleil). On n’aura aucun mal, dès lors, à rapprocher ces vers de ceux d’Aneirin, barde gallois de la même époque, Penbardd et auteur du fameux Gododdin où il rapporte la défaite de Catraeth où, vers 600, les Bretons du Nord ont été battus par les angles de Bernicie. Selon lui, c’est à cause du vin et de l’hydromel bus avant la bataille et de l’ivresse qu’ils ont provoqué que les guerriers bretons se sont faits exterminés :
Des hommes vinrent à Catraeth, ils étaient renommés. Vin et hydromel dans des coupes d'or, leur boisson, Une année de cérémonial noble. Trois cents et soixante-trois hommes aux torques d'or. De tous ceux qui s'élancèrent, après trop boire, Seuls trois revinrent libres par le courage dans la lutte, Deux chiens de guerre d'Aeron et du coriace Cynon, Et moi-même, trempé de sang, par égard pour mes chants.
Ce sont sans doute les reliefs des enclos où l’on réunissait des milliers d’hommes en armes pour partager le vin et la viande que l’on a retrouvé à Ribemont sur Ancre ou Corent. A Ribemont, on a retrouvé dans l’une des branches du fossé de l’enclos carré des centaines de tessons d’amphores portant des traces de coups et de crémation à côté de offrandes métalliques et des ossements de porcs. Là encore, on ne peut que faire le parallèle avec le festin de Samonios où le porc faisait partie de la nourriture incontournable. De même, à Corent, où l’on a même retrouvé ce qui semble être une taverne, a été exhumée une vaste aire quadrangulaire pavée de tessons d’amphores avec armes mutilées, fibules, crânes humains, restes animaux (moutons et porcs).
Corent
S’il on comprend bien le rôle du vin en tant que substitue du sang dans un rite guerrier de serment cohésif, pourquoi cette ivresse ? Il semble bien qu’il faille y voir une recherche de libération des esprits, une recherche de transe guerrière, le furor, où l’homme armé est lui-même l’arme des dieux. Le vin est donc présent en préalable au combat, en rituel d’offrande du butin après une victoire, il l’est aussi pour la défaite comme dans le cas de Brennos qui après avoir bu « force vin pur » s’égorge imité en cela par 20 000 de ses guerriers.
Nous sommes donc clairement en face d’une pratique rituelle guerrière. Est-ce pourtant une pratique religieuse ? La découverte de tessons d’amphores dans deux tombes d’Acy Romance attribuées à des « prêtres » semble permettre d’associé le vin aux pratiques rituelles, sinon religieuses, tout comme l’existence de cuillers à libation, comportant un orifice pour laisser s’échapper lentement le liquide, trouvées en Grande Bretagne. La présence de druides à des banquets n’aurait rien de surprenant, puisque la littérature irlandaise nous confirme la présence de ceux-ci auprès des rois durant les festins et que César nous dit qu’ils présidaient les sacrifices. Pour autant, le vin a-t-il fait partie intégrante des rites druidiques ? Les reliefs des enclos carrés accueillant des milliers de guerriers sont-ils ceux des druides ou bien ceux de loges guerrières se plaçant sous la protection des dieux par l’intermédiaire des druides, comme un prêtre qui baptise un navire ? A cette question, l’archéologie reste sans réponse. Par contre, les auteurs anciens se font régulièrement l’écho de rituels bachiques pratiqués chez les celtes, singulièrement par des femmes. Outre le crâne de Postumius cité plus haut, on nous rapporte les anecdotes suivantes
« Ils accompagnaient tout cela de sacrifices, ripailles et attitudes dénuées de pudeur, non seulement dans tous les lieux sacrés, mais en particulier dans la grotte d'Andrasta. C’était leur nom pour la déesse Victoire, vis à vis de laquelle ils avaient une révérence toute particulière » Dion Cassius
« Près des îles Cassitérides, il y a une autre série de petits îlots, où les femmes des Amnites, à l'opposé, c'est-à-dire en face, dans leurs transports, célèbrent selon le rite le culte de Dionysos : c'est pendant la nuit, et elles se couronnent des corymbes du lierre au noir feuillage, c'est-à-dire de branches de cet arbre avec leurs fruits en forme de grappes ; et le bruit des tambours et des cymbales qu'elles frappent retentit au loin. Nulle part, ... ni les Bistonides ou Thraces... ni les Indiens ne mènent les fêtes du bruyant Dionysos avec l'ardeur que mettent en cette contrée les femmes des Amnites à chanter : Evohé Bacchos ! c'est-à-dire l'hymne sacré des Dionysies » Eustathe de Thessalonique, Paraphrase à la Descriptions de la Terre de Denys le Périégète
« Il (Poséidonios) dit aussi qu’il y a dans l’Océan une petite île, non loin de la mer, située en face de l’embouchure de la Loire. Ce sont des femmes samnites qui l’habitent, elles sont possédées de Dionysos qu’elles apaisent par des cérémonies et des rites sacrés. Aucun homme ne pénètre dans l’île, ce sont les femmes qui font la traversée pour avoir des rapports avec les hommes et s’en retournent ensuite chez elles. Il y a une coutume selon laquelle elles doivent une fois par an démonter le toit du sanctuaire et le refaire le même jour avant le coucher du soleil, chaque femme portant son fardeau. Si l’un des d’elles laissent choir sa charge, les autres la mettent en pièces, emportent les morceaux en tournant autour du temple, tout en poussant des cris, et ne s’arrêtant pas tant que ne cesse leur frénésie. Et il arrive toujours que l’une d’entre elles tombe et doive subir ce traitement. » Strabon.
A noter que les Amnites ou Samnites correspondent sans doute aux Namnètes et que l’île à l’embouchure de la Loire pourrait correspondre aux actuelles communes de Batz et du Croisic, c'est-à-dire en face du Piriac de Waroc’h.
Le fait que Posidonios nous décrive la coupe des banquets comme passant de « droite à gauche, de la même manière que l’on honorait les dieux » montre qu’il s’agissait là d’un élément constitutif d’un rituel religieux. De même, Pline précise que la cueillette du gui est précédée de festins rituels et que celle de la selago débute par des ablutions et des libations de pain trempé dans du vin.
Il est donc probable que l’hydromel, puis le vin, aient fait partie intégrante de la dimension religieuse. Reste à savoir si, comme dans le monde romain ou grec, il était attaché à un dieu en particulier comme Dionysos, dieu de la vigne, du vin, des fluides vitaux, dieu errant deux fois né, permettant via l’ivresse, de dépasser la mort et d’atteindre l’immortalité. Le Dionysos grec est intimement associé à tout ce qui touche à la renaissance.
Dionysos
Si l’on passe en revue le panthéon celtique aucun Dieu ne semble, a priori, être associé directement au vin. On sait par contre que Mars caturix était associé à la bière, ce qui ferait d’Esus, Teutates et Taranis des candidats plausibles, d’autant plus que, comme nous l’avons vu, la consommation de vin était très liée à des rituels guerriers. Les dépôts d’amphores sont parfois associés à celui de bois de cerf. Cernunnos pourrait être, lui aussi associé au vin. Le vin étant présent au moment des serments, on pourrait aussi penser au dieu lieur Ogmios, mais c’est surtout Sucellos, le bon frappeur, équivalent gaulois du Dagda ,qui apparait comme étant le plus proche de Dionysos, tant par ses représentations que par ses fonctions. Sucellos est en effet représenté avec son maillet et un vase ou une coupe. Il est parfois accompagné d’un tonneau, d’un chaudron ou d’une amphore et peu porter une grappe de raisin.
Sucellos
Son maillet pourrait faire penser au thyrse de Dionysos. Dieu qui tue et ressuscite, il est donc lié, comme lui à la mort ce qui pourrait lui valoir d’être invoqué lors de cérémonies guerrières. Le chaudron rempli de vin de Sucellos pourrait rappeler celui du Dagda où l’on immerge les morts pour qu’ils renaissent. C’est un dieu de la nature nourricière, des forêts et des plantations, tout comme Dionysos. Il est donc tout à fait possible qu’il ait été associé à la consommation rituelle du vin.
Nantosuelta et Sucellos
On le voit, le vin a tenu dans la société celtique une place de choix pleine de sacralité et de dévotion. A ce titre, il est probable qu’il ait été associé très tôt à Sucellos avant d’être l’élément central des rites guerriers.
Ulatocantos
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