Tout groupe spirituel humain se trouve confronté, tôt ou tard, à la tentation de résumer sa doctrine. Plus ou moins pertinente, la démarche en question débouche souvent, au mieux sur une insipidité, au pire sur une tragédie conceptuelle.
UISSURIX s’était attelé à cette tache pour la Kredenn Geltiek. et avait rédigé un texte condensé en 9 points intitulé « DIAS KREDENN AR GELTED ». Bien que l’ayant lui-même traduit en français, il tenait la version bretonne comme étant la seule faisant foi.
DIAS KREDENN AR GELTED, août 1948 (l’orthographe est de UISSURIX)
1) Bez’ ez eus un Doue, ur Wirionez hag un Poent a Frankis lec’h ma vez kempoues da bep enebiezh
2) Doue evidomp eo a zo Peurvoud ha Peurvad, Meiz-Dreist ha Moen-Dreist. Unelez hag Hollegezh c’hlan. Hogen, evit gwir, trec’h eo da bep meiz ar wirionez anezañ pa eo dreist boud hag amvoud dreist an anat hag an dianat ; dilavardoe eo, divent ha diharz anderou hag andiwez, en tu all da gement termenadur a ve.
3) N’eus ano dereat ebet da Zoue, nemet an hini a voe diskuliet da Einigan en derou ar bed, ha sede-eñ /I\, ha dreist lavar den eo. Da c’houde e vez roet dezañ gant ar Gelted an tri c’hentano peudereat, GVTON « a beder », BITVMON « peurbad da viken » VXELLIMON « Uhelañ-holl ». Dre ma teu an Holluhel d’en em anataat e c’hellomp teurel gwelloc’h meiz ha gober anezañ anvioù all diouz pal ha doare hon arvestidigezh. Ha da gentañ holl, d’E azeuliñ e kevrin e emzaouekaat, andor ar bed anat, ATIR « TAD » ha MATIR « MAMM », ha kerkouls all da azeuliñ a-ratoz-kaer Tad an Dud ha Mamm an Doueed, DIS ATIR « Ta dar Re Varv » hag ANA BRIGANTIA « Ana Uhelsavet-meurbet ». Hag eus an ano diwezañ-mañ ano ar Gredennourien Gelt : « Tuatha De Danann, Tud (Doue) Donn ».
4) Graet eo meurved ha bac’hved an eil diouz egile ha diouz skopuer egile ; an pep hini anezo ez eus teir rann : unan gorfel, danvezel pe fetis, unan eneel pe danav, unan speredel pe anlun.
5) Divarvet eo spered an den (anvet alies ene en-direiz) ha stummet diouz lun Doue.
6) Bevaet eo en Abred gant Manred (pe Elfenn-dan doueel) ar « grouedigion » an nebeutañ diforc’het ; war gadarnaat ha war unanelaat ez a o emskiant a-dreus da liested ar stummoù bev evit dont da vezañ, en Mab-Den, peur anaouedek eus an Droug hag eus ar Mad gant galloud da zibab tu pe du.
7) Treuzet e vezo gant an Den, hervez ma tibabo, hanvoudoù nevez ma tizo drezo gpude gouzañv evit gwellaat ha nesaat ouz kreiz e voudelez, gwenvidigez kelc’h Gwenved ; hag en diwez e tegouezo pep krouedig e-barz kelc’h ar Gwenved goude tremen dre meur zerez-bezañ.
8) E c’hell Mab-Den gounit peurvad an emgenreiz dre seveniñ dalc’hmat an tri dlead-kent : azaouez-Doue peurouiziek, kalonegez difaezus madelez didorr e-keñver an holl voudoù, ha kaout perz dre se en teir madelez-kent an Holluhel : hevoud, nerz ha madoez.
9) Bez’ ez eus gant lidoù ar Gredenn Geltiek evel gant re pep relijion hengounel un oberiusted wirion ; bez’ e teu da vabden dre reg hag azreg, lusk-kalon ha teurel-meiz skoazell wirion evit gpunit peurvad an emgenreiz hag en diwez unvanidigez gant Doue.
CROYANCE FONDAMENTALE DES CELTES (traduction, seul le texte en breton faisant loi pour son auteur UISSURIX)
1) Il y a un Dieu, une vérité et un point de liberté où toute opposition trouve son contrepoids.
2) Dieu est pour nous l'absolu de l'Etre et le Bien absolu. Intelligence transcendante et félicité transcendante. Unité et totalité pures. Mais à dire vrai, sa vérité est au-dessus de toute intelligence, puisqu'il est au-delà de l'être et du non-être, du manifesté et du non manifesté. Il est ineffable, sans mesure et sans limite, sans début ni fin et au-delà de toute limitation qui soit.
3) Il n'y a aucun nom qui convienne à Dieu, sauf celui qui fut révélé à Einigan au début du monde, et le voici /I\, et il est au-delà de toute parole humaine. Les Celtes lui donnent ensuite les trois noms primitifs paronymes, GUTON "ce qu'on prie", BITUMON " éternel à jamais", UXELLIMON "très haut". A mesure que le très haut se manifeste, notre intelligence le comprend davantage et nous pouvons le nommer de nouveau de nouveaux noms selon le but et la manière de notre contemplation. Et avant tout, pour l'adorer dans le mystère de sa "polarisation", source de la manifestation, ATIR "père" et MATIR "mère", et aussi bien pour adorer spécialement le père des hommes et la mère des Dieux, DIS ATIR "père des morts" et ANA BRIGANTIA "Ana très haute" et c'est de ce dernier nom que vient celui des Celtes croyants : "tuatha de danann, tud (doue) donn, les gens de Dana".
4) Le microcosme et le macrocosme sont faits l’un pour l’autre et l’un d’après l’autre ; en chacun d’eux il y a trois choses distinctes : une partie corporelle matérielle ou grossière, une partie animique ou subtile, une partie spirituelle ou informelle.
5) L’esprit de l’homme (appelé souvent âme par erreur) est immortel et fait à l’image de Dieu
6) « Manred » (l’étincelle divine) anime en Abred les êtres « créés » les moins différenciés, leur conscience se fortifie et s’unifie à travers la multiplicité des formes vivantes, pour arriver à devenir, dans l’homme parfaitement avertie du Bien et du Mal avec pouvoir de choisir l’un ou l’autre.
7) L’homme traversera, selon son choix, des états d’êtres nouveaux à travers lesquels il atteindra, après avoir souffert pour s’améliorer et s’approcher du centre de son être, la béatitude du cercle de Gwenved après la traversée de nombreux degrés d’existence.
8) L’homme peut gagner la perfection et l’ordre intérieurs en accomplissant sans relâche les trois devoirs primitifs : piété éclairée, courage indéfectible, bienveillance envers tous les êtres, et avoir part ainsi aux trois bienfaits primitifs du très haut : plénitude de l’être, force et toutes bonnes choses.
9) Les rites de la Kredenn Geltiek ont, comme ceux de toute religion traditionnelle, une efficacité véritable ; l’homme obtient par la prière, l’oraison et la méditation, une aide véritable pour gagner la perfection et l’ordre intérieurs et à la fin l’union avec Dieu.
Ce condensé métaphysique montre qu’à ses débuts, la Kredenn Geltiek s’était clairement engagée sur la voie d’une doctrine faisant la synthèse entre le polythéisme antique et le bardisme de Iolo MORGANWG. Le texte resta inchangé pendant 4 ans. Une année après la mort de UISSURIX, NRVEN LEWARC’H publie dans KAD une version modifié du texte de départ, nommée « LA GRANDE ENNEADE »
GRANDE ENNEADE, version KAD n° 12 (1952)
Je crois :
1) Que Dieu est ;
2) Qu’il est à la fois Triple et Un, étant trois Personnes en un seul être ;
3) Qu’il se manifeste en des émanations et hypostases accessibles à nos prières ;
4) Que le Macrocosme et le Microcosme sont faits à l’image l’un de l’autre, comprenant chacun trois plans : corporel, matériel ou grossier ; animique ou subtil ; spirituel ou informel ;
5) Que l’esprit de l’Homme (qu’on appelle improprement « âme ») est immortel et créé à l’image de Dieu ;
6) Que l’Etincelle Divine ou Manred anime en Abred les créatures les moins différenciées ; que la conscience collective de ces dernières s’affirme et s’individualise à travers les multiples formes vivantes pour parvenir dans l’Homme à la pleine connaissance du bien et du mal avec liberté du choix, que selon ce choix l’Homme traversera de nouvelles incarnations, qui après les épreuves qui le feront progresser lui vaudront la béatitude finale dans le cercle de Gwynfyd ;
7) Que toute créature parviendra finalement au Gwynfyd après de plus ou moins nombreuses incarnations ;
8) Que l’Homme acquiert la perfection par la pratique des trois Devoirs primordiaux : piété éclairée, courage indéfectible, bienveillance universelle ;
9) Que les rites de la Kredenn Geltiek ont une efficience réelle ; que la prière, et la méditation aident véritablement l’Homme à conquérir la perfection ; que l’initiation est nécessaire pour regagner la condition primordiale
Ce texte évoluera ensuite quatre autres fois perdant petit à petit les références à la métaphysique bardique, le vocabulaire passant, en outre, du Gallois au Breton, puis au celtique commun.
GRANDE ENNEADE, version KAD n° 14 (1959)
Je crois :
1) Que le Grand Dieu, « Celui qu’on ne nomme pas », est ;
2) Qu’il est à la fois Triple et Un, c’est-à-dire qu’il est multiforme dans ses attributs;
3) Qu’il se manifeste en des émanations et hypostases accessibles à nos prières ;
4) Que le Macrocosme et le Microcosme sont faits à l’image l’un de l’autre, comprenant chacun trois plans : corporel, matériel ou grossier ; animique ou subtil ; spirituel ou informel ;
5) Que l’esprit de l’Homme (qu’on appelle improprement « âme ») est immortel et est un reflet de « Celui qu’on ne nomme pas »;
6) Que l’Etincelle Divine ou Manred anime en Abred les créatures les moins différenciées ; que la conscience collective de ces dernières s’affirme et s’individualise à travers les multiples formes vivantes pour parvenir dans l’Homme à la pleine connaissance du bien et du mal avec liberté du choix, que selon ce choix l’Homme traversera de nouvelles incarnations, qui après les épreuves qui le feront progresser lui vaudront la béatitude finale dans le cercle de Gwynfyd ;
7) Que toute créature parviendra finalement au Gwynfyd après de plus ou moins nombreuses incarnations ;
8) Que l’Homme acquiert la perfection par la pratique des trois Devoirs primordiaux : piété éclairée, courage indéfectible, bienveillance universelle ;
9) Que les rites de la Kredenn Geltiek ont une efficience réelle ; que la prière, et la méditation aident véritablement l’Homme à conquérir la perfection ; que l’initiation est nécessaire pour regagner la condition primordiale
GRANDE ENNEADE, version 1975
Je crois :
1) Que le Grand Dieu, « Celui qu’on ne nomme pas », EST,
2) Qu’il est à la fois Triple et Un, c’est-à-dire qu’il est multiforme dans ses Attributs,
3) Qu’il se manifeste en des émanations et hypostases accessibles à nos prières,
4) Que le Macrocosme et le Microcosme sont faits à l’image l’un de l’autre, comprenant chacun trois plans : corporel, matériel ou grossier, animique ou subtil, spirituel ou informel,
5) Que l’esprit de l’Homme (qu’on appelle improprement « âme ») est immortel et est un reflet de « Celui qu’on ne nomme pas »,
6) Que l’Etincelle Divine ou Manred anime en Abred les créatures les moins différenciées, que la conscience collective de ces dernières s’affirme et s’individualise à travers les multiples formes vivantes pour parvenir dans l’Homme à la pleine connaissance du bien et du mal avec liberté du choix, que selon ce choix l’Homme traversera de nouvelles incarnations, qui après les épreuves qui le feront progresser lui vaudront la béatitude finale dans le cercle de GWENVED,
7) Que toute créature parviendra finalement au Gwenved après de plus ou moins nombreuses incarnations,
8) Que l’Homme acquiert la perfection par la pratique des trois Devoirs primordiaux : piété éclairée, courage indéfectible, bienveillance universelle,
9) Que les rites de la Kredenn Geltiek ont une efficience réelle, que la prière, et la méditation aident véritablement l’Homme à conquérir la perfection, que l’initiation est nécessaire pour regagner la condition primordiale
GRANDE ENNEADE, version KAD n° 15 (1982)
Je crois :
1) Que « Celui qu’on ne nomme pas », est, qu’il est l’esprit et le cœur du Monde ;
2) Nous le concevons diversifié ; c’est-à-dire qu’il est couramment multiforme dans ses attributs ; dieu inconnu, inconnaissable, dont on ne peut rien dire… mais éternellement présent ;
3) Qu’il se manifeste en des émanations et hypostases accessibles à nos ferventes invocations; esprit de vérité, conscience absolue et pourtant accessible à ceux qui savent recevoir ;
4) Que le Macrocosme et le Microcosme sont faits à l’image l’un de l’autre, comprenant chacun trois plans : corporel et matériel; spirituel ou informel; animique et subtil ;
5) Que l’esprit de l’Homme (qu’on appelle improprement « âme ») est le reflet de « Celui qu’on ne nomme pas »;
6) Que l’Etincelle Divine ou Awen anime en Glenndir les êtres les moins différenciées ; que leurs consciences collectives s’affirment et s’individualisent à au travers de multiples formes vivantes pour parvenir dans l’Homme à la pleine « connaissance » avec liberté du choix, ce choix déterminera les épreuves et traversera des incarnations successives, lesquelles le feront progresser vers la béatitude finale dans le cercle de Gwenva;
7) Que toute créature parviendra au Gwenva après de plus ou moins nombreuses incarnations ;
8) Que l’Homme tend à la perfection par la pratique des trois Devoirs primordiaux : courage indéfectible, bienveillance universelle, générosité de tous les instants ;
9) Que les rites de la Kredenn Geltiek ont une efficience réelle ; que les évocations rituelles, et la méditation aident véritablement l’Homme à percevoir la perfection ; que l’initiation est nécessaire pour regagner la condition primordiale (Hengoun kent)
GRANDE ENNEADE, version KAD n° 18, 1990 :
Je crois :
1) Que « Celui qu’on ne nomme pas », est, qu’il est l’esprit et le cœur du Monde ;
2) Nous le concevons diversifié ; c’est-à-dire qu’il est couramment multiforme dans ses attributs ; dieu inconnu, inconnaissable, dont on ne peut rien dire… mais éternellement présent
3) Qu’il se manifeste en des émanations et hypostases accessibles à nos ferventes invocations; esprit de vérité, conscience absolue et pourtant accessible à ceux qui savent recevoir ;
4) Que le Macrocosme et le Microcosme sont faits à l’image l’un de l’autre, comprenant chacun trois plans : corporel et matériel; spirituel ou informel; animique et subtil ;
5) Que l’esprit de l’Homme (qu’on appelle improprement « âme ») est le reflet de « Celui qu’on ne nomme pas » ;
6) Que l’Etincelle Divine ou Awen (Anatios) anime en Glenndir les êtres les moins différenciées ; que leurs consciences collectives s’affirment et s’individualisent au travers de multiples formes vivantes pour parvenir dans l’Homme à la pleine « connaissance » avec liberté du choix, ce choix déterminera les épreuves et traversera des incarnations successives, lesquelles le feront progresser vers la béatitude finale dans le cercle de Gwenva (uindobitus) ;
7) Que toute créature parviendra au Gwenva après de plus ou moins nombreuses incarnations ;
8) Que l’Homme tend à la perfection par la pratique des trois Devoirs primordiaux : courage indéfectible, bienveillance universelle, générosité de tous les instants ;
9) Que les rites de la Kredenn Geltiek ont une efficience réelle ; que les évocations rituelles, et la méditation aident véritablement l’Homme à percevoir la perfection ; que l’initiation est nécessaire pour regagner la condition primordiale (Hengoun kent ou Cintu Senocommedia)
Pour ma part, je reste fidèle à la première version de UISSURIX…
Ulatocantos
Comentarios