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Eñvorennoù : GWILHEM BERTHOU-KERVERZIOU, barde IACTIMAGUS et druide UISSURIX

Ce texte est paru initialement dans la revue IALON n°43 de la Kredenn Geltiek Hollvedel : http://www.druidisme.org/ialon/index.html



Fils d’un charpentier de marine devenu capitaine au long-cours, puis administrateur de l’Inscription Maritime à Rochefort, Marseille et Brest, Guillaume Berthou-KERVERZIOU (G.B.K.), est né le 10 mai 1908 à Paimpol. Après des études d’ingénieur chimiste, il s’installe comme apothicaire à Guipavas avec son épouse Nola CORVEZ, pharmacienne, qui mourra malheureusement en mettant au monde sa fille Anne-Marie, dite "Annie" ou "Annaïg". En 1932, il s’exile à Marseille, où il sera instituteur, avant de rentrer en Bretagne à Rennes. Durant son séjour à Marseille il fera partie du Félibrige. En 1938 on le retrouve à Paris où il est Secrétaire de la Confédération de l’Artisanat. Après-guerre, il travaille avec Jean PIETTE dans la boutique de Fanch KERVELLA. De santé fragile, il est atteint de tuberculose rénale qu’il tente de soigner par les plantes et des remèdes "non-officiels", il décède le 14 mars 1951 à Rennes.  


Le politique

 

Comme beaucoup à son époque, notamment Morvan MARCHAL et Edmond COARER, il est, à ses débuts, proche de l’Action Française. A la fin des années 1920, il se rapproche du Parti Autonomiste Breton et notamment de Célestin LAINE-KERJEAN, lui aussi ingénieur chimiste et partisan de l’action directe, avec qui il fonde l’Union des Etudiants Bretons. Fin 1930, G.B.K. va créer une organisation clandestine, "Kentoc’h Mervel", pour laquelle il recrute activement dans les groupuscules nationalistes existants (P.N.I.B. de Théophile JEUSSET, Breiz Dazont,…), sans toujours prendre les précautions nécessaires, aux yeux de LAINE du moins, qui trouve surprenant de recruter des militants connus. A la même période, on prête à G.B.K. la co-fondation du groupe Gwenn Ha Du, ce qui semble incompatible avec la méfiance que lui portait LAINE. Tout au plus en est-il un collaborateur épisodique sincère. C’est ainsi qu’il est réputé avoir fourni la nitroglycérine qui servit à faire sauter le "Monument de la Honte" de Rennes le 7 août 1932.

  

Le monument de la honte nationale avant et après…


Toujours est-il que G.B.K., convaincu de la nécessité d’une action armée, n’avait rien d’un meneur de troupes et ne possédait ni les ressources physiques, ni le mental d’un guerrier. Soupçonné après les attentats de Gwenn Ha Du, il ne saura pas résister aux interrogatoires de la police française et livrera trop d’informations. Pour cette raison, le Tribunal du Kuzul Meur de Gwenn Ha Du le condamne en novembre 1932 : pour avoir  dénoncé plusieurs bretons aux policiers français… à quitter la Bretagne sous 3 mois  et d’en rester loin à jamais. Il s’exécute, vend la pharmacie de sa femme et part à Marseille. Là s’arrête l’engagement politique direct de G.B.K.


Condamnation par Gwenn Ha du


Le Félibrige

 

Durant son passage à Marseille, il s'intéressa également à la culture locale occitane en entrant au Félibrige. Lors d'une "Visite à la Provence", TALDIR rencontre G.B.K. à Toulon, le 5 juin 1933, au sortir d'un banquet de la Coupo Santo. TALDIR, dans le n° 45 (1933) de la revue An Oaled ("Le Foyer breton"), donne quelques précisions sur les circonstances de son interpellation, suite aux attentats de Rennes : Il fut victime de la Fatalité et de dénonciations calomnieuses. Il reste, dit-il, aussi breton que jamais, mais il cantonnera désormais son activité au terrain de la langue et traduira en breton Mireille, le chef-d'œuvre de Mistral. Je souhaitais à ce brave garçon, meilleure chance et un prompt retour au pays.

 

L’homme de lettres et de culture celtique

 

Son nom apparaît dans la revue An Oaled, dirigée par TALDIR et expression officielle de la Goursez, à partir de 1936 où il signe, des poèmes (notamment Kanig hor breur Heol, où l’on reconnaît les prémices de certains rituels), une série d’articles intitulés kentel an harlu, "la leçon de l’exil", une étude sur l’industrie bretonne, ...

 

Homme d’une intelligence remarquable qui n’a d’égale que son érudition, G.B.K. rentre chez les Seiz Breur en tant qu’écrivain et poète bretonnant. Il devient tout naturellement collaborateur de la revue Gwalarn.

 

Durant la guerre, il rencontre fréquemment ses acolytes à Rennes au café "La Chope" qui sert de "quartier général" au mouvement artistique.


"Livre d’or" de "La Chope"


A cette même époque, il fonde avec MEAVENN et Roparz HEMON l’hebdomadaire Arvor, dont il sera Rédacteur en chef, et collabore aux revues Stur et Galv.

 

Le Druide

 

G.B.K. est reçu à la Goursez en tant que barde en août 1938, lors du Digor de Châteaulin auquel assistait aussi KALONDAN. Le nom d'IACTIMAGUS apparaît pour la première fois dans le numéro double 3-4 du second trimestre 1943 de Nemeton, signant un article sur l’astrologie celtique, puis dans le numéro 5 de Kad de 1946 où il signe un article en Breton. Dans ce même numéro est publié un poème en Breton de Gw. B.-KERVERZIOU, écrit en 1943 pour ARTONOUIOS. Il prend le nom de UISSURIX à partir de 1947 alors qu’il est Drouiz Meur de la Kredenn Geltiek. Il est considéré comme un rénovateur des rites de la Kredenn Geltiek. Il fût également reçu comme druide à la Goursez (Collège des druides, bardes et ovates de Bretagne Armorique) le 12 septembre 1948 lors d’un "Gorsedd kuz" à Rennes.


UISSURIX entouré de NATROUISSUS et NEVEN LEWARC’H

lors d’une cérémonie  en 1946


Il est le premier auteur à préconiser, dans les colonnes de Stur, d’utiliser la mythologie comparée pour retrouver les fondements de la spiritualité celtique. Ce côté scientifique rigoureux tranche un peu avec sa passion pour les médecines naturelles et l’astrologie qu’il pratique assidûment. Bien que franc-maçon, il collabora à la revue Le Symbolisme, sa formation scientifique le pousse à se méfier des traditions kabbalistiques ou martinistes. Guénonien convaincu, il estime que la tradition initiatique druidique a été brisée et que ne survit qu’une tradition bardique au contenu dégradé. En désaccord avec NEVEN LEWARC’H sur cette question, il développe donc l’idée qu’il faut recréer un corpus druidique par l’étude des textes irlandais et brittoniques et refonder progressivement une voie initiatique singulière. En ce sens il est le vrai fondateur du néo-druidisme et non pas un rénovateur du druidisme antique. Il restera en tout cas dans l’Histoire comme celui qui a reformulé des rites celtiques vraisemblables et qui a relancé l’utilisation du calendrier de Coligny comme calendrier liturgique sacré, à tel point que même Célestin LAINE-KERJEAN s’en est inspiré… D'autre part, le calendrier de UISSURIX est toujours en usage à la K.G.H.


Calendrier celtique utilisé par C. LAINE-KERJEAN (1943)


La revue Ogam


G.B.K. terminera sa collaboration avec Kad, dans le n° 9, publié en décembre 1947 / janvier 1948. Cela consiste en un petit poème Kavell Ha Bez, puis un article La Tradition bardique, traduit directement du Gallois. On remarquera également une petite note à la suite de l'article d'IDRIS GAWR, A propos d'un article de René GUENON (voir infra). G.B.K. fonde alors la revue Ogam, dirigée par Pierre LE ROUX, dont le premier numéro paraît à la date d'Epos Bl. [juillet] 1948 sous le modeste format de sept feuilles ronéotypées. René GUENON (Etudes Traditionnelles, n° 273, janvier - février 1949), ayant reçu les trois premiers numéros, saluera avec bienveillance la naissance de la nouvelle revue, tandis que NEVEN LEWARC’H privé d'une grande partie des son équipe, dont également NATROUISSUS, éprouvera désormais les plus grandes difficultés à publier Kad de manière régulière. Il ne semblera pas, du moins en apparence, tenir rigueur à son ancien ami, puisque dans le n° 10 de Kad (Juin 1950) qui se réduit à une seule page, il conseillera à ses lecteurs de lire Ogam et de s'y abonner. Entre temps, G.B.K. reprendra la publication dans Ogam de l'article La Tradition bardique.., initialement commencée dans Kad n° 9. A partir du n° 6 n.s. de janvier 1950, Ogam change de format (taille plus petite), mais surtout paraît mensuellement. G.B.K. y consacrera les dernières années de sa vie en y signant de nombreux articles et en participant à la critique des revues et aux livres. La diversité des thèmes abordés et la régularité des parutions (voir liste des titres ci-dessous) confirment l'étendue de ses connaissances en matière celtique et druidique.

 

Au fil des années G.B.K. s'impliquera de plus en plus dans cette revue, même pendant la période où il fut malade, peu de temps avant de quitter le monde d'Abred, dans la nuit du 12 au 13 mars 1951 [d'après Ogam n° 14], âgé seulement de 43 ans. Sa disparition sera suivie dans les années suivantes par un changement d'orientation de la revue. Celle-ci se consacrera davantage à des disciplines universitaires telles que la linguistique et l'archéologie qu'à la spiritualité druidique.

 

Pour le n°13 n.s. de mars 1953, G.B.K. avait écrit la dédicace suivante, suite à la disparition de son maître spirituel René GUENON, décédé le 7 janvier 1951 au Caire : Ce numéro est dédié à la sainte mémoire de Es-Sheik-El-Wahed Yehia (René GUENON) (1886-1951).

 

Par l'ironie du sort, sur la première page du n°14 n.s. d'Ogam, paru à Mez heven 3821 M.T. (juin 1951), les lecteurs apprenaient maintenant avec stupeur le décès de G.B.K. : Ce numéro est consacré à la mémoire du druide Iaktimagus-Vissurix (Gw. Berthou- Kerverzhiou. Il avait depuis longtemps une très mauvaise santé, aggravée par les épreuves et les conditions de vie de la période de guerre, mais également du point de vue astrologique, auquel il s'intéressait beaucoup, un thème astral qu'il savait assez calamiteux. Cependant l'issue de sa maladie rénale fut rapide et fatale, alors que personne ne s'y attendait, d'autant qu'il était très investi dans ses nombreuses activités.



On ne peut trouver de meilleure éloge de G.B.K. que celle que ses collègues et amis de la revue lui ont consacré dans ce numéro 14 d'OgamNous ne craignons pas de dire qu'il avait parcouru à peu près tout le cercle des connaissances profanes : les sciences mathématiques et physiques, dont il avait fait son métier, la linguistique et l'archéologie générales et celtiques, les idiomes celtiques anciens et modernes, les diverses religions et traditions. Sa réputation comme l'un des plus profonds poètes de la langue bretonne, le plus difficile et le plus subtil de tous peut-être, n'est pas à faire; elle a dépassé la Bretagne grâce aux versions françaises qu'il a données d'un certain nombre de ses poésies, et qui réalisent le tour de force d'être des traductions à peu près littérales et tout à la fois des poèmes originaux.

Un peu plus loin : Comme pour beaucoup de nous, ce fut la rencontre de René Guénon qui fut pour lui le véritable 'Chant de l'Eternité', bien qu'il fut longtemps préparé à l'entendre de par une formation thomiste assez poussée qui le sauva sans doute de l'irrémédiable déviation anti-traditionnelle qui est presque toujours le fruit de l'érudition profane …

Dès lors il se consacra à la quête de la tradition celtique, non comme tant d'autres à travers une stérile érudition et moins encore selon une mentalité pseudo-traditionnelle, mais en appliquant au domaine celtique si méconnu les véritables principes dont il avait acquis la connaissance par d'autres traditions vivantes… 

En vérité, il semble que toute la vie de Gwilherm B. Kerverzhiou n'ait été qu'une préparation mystérieusement prédestinée à la brève mais féconde carrière de Vissurix – "Roi de Sagesse". Et cela est bien la meilleure preuve de sa "vocation" d'Athraw de la tradition celtique…

Vissurix est parti en pleine période de travail, une période telle que sa vie pourtant laborieuse n'en avait guère connues de semblables,…

 


 Ce numéro 14, à la mémoire de G.B.K. contient, outre sa nécrologie, deux importants articles : Autorité druidique et pouvoir royal par UISSURIX (pp. 131-135 et 142-144) et Le calendrier celtique par IAcTIMAGUS et NATROuISSUS (pp. 136-142).

 

Parmi ses principales collaborations dans la revue Ogam on notera sous la signature G. B.- KERVERZHIOU ou G.B.K. :

 

N° 3, Samonios 3819 M.T., octobre 1 948 : Suite des notes au "Tribann" – Le symbolisme du tribann, KERVERZHIOU (p. 8-11).

N° 4, Samonios 3819 M.T. : Petites questions : Brumes, fumées et colloïdes, G.B.K. (p.8) et Nouvelles notes sur le tribann (p. 9-11), KERVERZHIOU.

N° 6, a.s., non daté : La tradition bardique (p. 9 à 11) (à suivre).

N° 1 n.s., avril 1949, Putios 3819 M. T. : La tradition bardique (suite), G.B.K. (p. 9-10)

N° 2 n.s., mai 1949 (Beldan Simiuisonnos 3819 M.T.) : Beldan ou le feu de mai (p. 3).

N° 3B n.s., juillet 1949 (Elembivios 3819 M.T.) : La tradition bardique (suite et fin), traduit du gallois par G.B.K.

N° tiré à part (60 exemplaires) : octobre 1949 : Le symbolisme des nombres et des formes : Les réunions rituelles des bardes en "Gorsedd" et leur signification symbolique, par KERVERZHIOU [Cf.  n° 12]

N° 7, mars 1950 : Les farceurs sacrilèges. (G. B. KERVERZHIOU et Arzel Even) (p. 17).

N° 8, mai 1950 : Gorsedd Digor, traduit par G. B. KERVERZHIOU (pp. 33-35).

N° 9, octobre 1950 : Gorsedd Digor, traduit par G. B. KERVERZHIOU (p. 62).

N°10, octobre 1950 : Biturix ou le roi du Monde (pp.70-71)

N°11, décembre 1950 : L'Omphalos chez les Celtes (pp. 91-95).

N°12, janvier 1951 : Etudes de mythologie celtique (pp. 104-105) (co-signé avec A. E.)

N°13, mars 1951 : Les revenants (pp. 124-125).

N°13, mars 1951 : Lia Fail et la Pierre de Scone (pp. 126-128).

 

Sous les signatures UISSURIX ou IAKTIMAGUS :

N° 6, a.s., non daté : Owen et Luned ou la Dame de la Fontaine (Essai d'interprétation) (pp. 3-6)

N° 1, nouvelle série, avril 1949 (Putios 3 819 M. T.) : Owen et Luned ou la Dame de la Fontaine (Essai d'interprétation) (suite) (pp. 3-4)

Les leçons de Vissurix, traduit par IAKTIMAGUS (p. 8 et 16).

N° 2 n.s., mai 1949 (Beldan Simiuisonnos 3 819 M.T.) : Qu’est-ce que "Beldan" ? (p. 3-5).

N° 4 n.s., septembre 1949 (Kantlos 3819 M.T.) : Editorial : Kredenn Geltiek (pp. 3-5)

N° tiré à part (60 ex.) : octobre 1949 : Le symbolisme des nombres et des formes : L’Hexagramme celtique et le symbole occidental de AVM par IAKTIMAGUS [voir n°7]

N° 9, juillet 1950 : Le jeu du cheval-mallet et la Mari Lwyd, UISSURIX, G.B.K. (pp. 56-57).

N° 9, octobre 1950 : Peth y Dylai athraw : "les devoirs du maître", traduction faite d’après les triades Braint a Defod du "Barddas" gallois, traduit du gallois par IAKTIMAGUS (pp. 54-55).

N° 10, octobre 1950 : Le jeu du Cheval-Mallet et la Mari Lwyd (pp. 72-75).

N° 12, janvier 1951 : Gorsedd Digor (pp. 97-101)

Le jeu du Cheval-Mallet et la Mari Lwyd (suite) (pp. 102-103).

N° 13, mars 1951 : Cernunnos. II. Le dieu cornu à la posture bouddhique (pp. 120-123 et 128).

 

A titre posthume, paraitront ultérieurement dans Ogam n°15 d'août 1951, Trente de Paris (pp. 149-150) par UISSURIX et dans le n°16 de septembre 1951, Notes sur le symbolisme du feu (pp. 172-173) par le même.

 

 



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